C'est le 24 juillet au soir, après une traversée de douze jours avec une escale à Muros dans le Nord de l'Espagne, que le premier équipage entrevoit enfin les reliefs verdoyants de l'île de Saõ Miguel.

 

 

Que d'émotions à bord, sensation étrange que de voir la terre après tant de jours seuls en pleine mer, à ne croiser âme qui vive... Soulagement pour tous et un brin de mélancolie aussi ; cette impression que le voyage, finalement, n'a pas duré si longtemps.

 

Du portant dans le Golfe de Gascogne avec une allure grand largue et un génois tangonné, les alizés portugais par le travers au départ de Muros puis tantôt pétole et tantôt 25 nœuds au près avec 3 ris dans la GV sur la traversée jusqu'à l'archipel : c'est un panel assez complet de conditions météorologiques qui nous a accompagnés sur cette première étape du voyage.

 

Peu de rencontres sur un océan semblable au désert de Gobi, mais quelques visites impromptues ont néanmoins ponctué la traversée, pour notre plus grande joie !

 

En sus de plusieurs massifs paquebots en partance pour d'autres hémisphères, avec leurs monstrueuses cargaisons et leurs appareillages démesurés, nous avons reçu la curieuse et placide visite d'un rorqual commun - deuxième plus grand cétacé au monde après la baleine bleue - dans le Golfe de Gascogne.

Quelques bancs de dauphins communs sont venus jouer dans le sillage du voilier, nous délectant de leurs chants rieurs et de leurs habituelles pirouettes dont on ne se lasse pas.

En plein océan, à 300MN des côtes, nous avons croisé avec surprise une tortue marine. Scène hors du temps et de l'espace - un si petit animal dans une telle immensité - qui nous a laissé rêveurs.

A notre approche de l'archipel, c'est une quarantaine de dauphins tachetés de l'Atlantique, adultes et juvéniles, qui nous a accueilli dans un spectacle cirquacien, multipliant sauts et arabesques.

 

Nous avons enfin suivi le vol des pétrels et de rares océanites tempêtes, fidèles compagnons des mers, encourageante et rassurante présence qui nous rattachait au monde terrestre et semblait nous indiquer que nous tenions le bon cap.